Compagnie Mossoux-Bonté
Aux frontières de la danse, du théâtre, de l’image et des formes animées, les spectacles de Nicole Mossoux et Patrick Bonté explorent les zones troubles de la sensibilité et les contradictions qui trahissent la complexité de nos actes et de nos comportements.
Obsessions, trouble, sinuosités entre les disciplines, surprenantes anfractuosités. Les matières que manipulent, traitent, diffractent Nicole Mossoux et Patrick Bonté ont en commun de charrier une inquiétante étrangeté. Depuis 1985, le tandem de créateurs imagine des univers se jouant des frontières. Elle est danseuse et chorégraphe, il est metteur en scène et dramaturge, leurs projets, pilotés alternativement et nourris d'arts plastiques, de musique ou de silences, autant que de psychanalyse, embrassent l'inexploré, la sensibilité et l'inconscient, tout en s'adressant à notre imaginaire.
Marie Baudet / 2018
SPECTACLES
Les nouvelles hallucinations de Lucas Cranach l’Ancien (2024)
Inspiré de l’univers du peintre de la Renaissance allemande Lucas Cranach l’Ancien, le spectacle explore des attitudes troubles de personnages hantés par la mémoire convulsive d’une existence antérieure. Des figures apparaissent derrière un mur en trompe l’œil troué de fenêtres, créant des tableaux vivants dans une atmosphère dominée par l’humour, l’érotisme et le mystère de la présence.
Il s'agit d'une re-création complète de la pièce dont la première eut lieu en janvier 1990 au Theater De Synagoge à Tilburg (Pays-Bas) sous le titre De ultieme gevoelens van Lucas Cranach de Oude et qui a tourné près de 25 ans en Europe.
Ophelia-s (2023)
Toutes les femmes seraient-elles des Ophélies en puissance, subissant l'injonction de conjuguer faiblesse et beauté pour trouver leur place dans le monde, pour se rendre désirables, et par là exister?
Quatre noyées ôtées à leur propre mort, gisant sur la grève, semblent se réveiller. Réunies autour d’un plan d’eau noire d'où paraissent surgir les images projetées, elles vont tenter de reconstituer le prétendu suicide de la tendre fiancée de Hamlet. Mais c’est leur propre visage qu’elles aperçoivent dans l’eau, chacune incarnant tour à tour et parfois jusqu'au pléonasme les images du féminin qui flottent dans nos inconscients. Et quand elles se laissent prendre au piège des tableaux préraphaélites qui subliment la femme entravée, c'est pour en émerger ensemble, vivantes et solidaires.
Les Arrière-Mondes (2021)
Echappées de la nuit des temps, des créatures ébouriffées plongent dans nos yeux comme dans un miroir sans fond.
Ce sont les éternels rescapés de l’Histoire, des extravagants qui ont traversé les plaisirs et les jours, mais aussi les chaos, les guerres et les pestes. Ils apparaissent et disparaissent, partagés entre attirance et retenue, surgissements de scènes déjà vécues et de désirs soudain retrouvés.
Les Arrière-Mondes jettent une lumière spectrale sur les moments de stupeur et d’incertitude qui accompagnent parfois les passions humaines et où se révèle à notre insu l’énigme de notre présence.
The Great He-Goat (2019)
Dix gardiens de musée, enfermés la nuit dans les salles, se font phagocyter par les tableaux de Goya qu’ils côtoient tout le jour. Leurs repères s’effritent peu à peu, leur lien avec le réel prend des formes saugrenues. Elucubrations, fantasmagories, sourdes manipulations, emportements, ils recrachent de l’ombre une drôlerie bâtarde, leur seule force face à la débâcle annoncée.
Hanté par les Peintures Noires, le spectacle dénonce la violence aveugle et l’intoxication des esprits qui sont de tous temps, comme une malédiction de l’Histoire.
A Taste of Poison (2018)
Chignons hygiéniques et crânes cliniquement rasés, cinq experts se soumettent eux-mêmes, sérieusement et sans rire, à une série d’expérimentations sur les comportements d’aujourd’hui. Ils adoptent avec une logique pseudo-scientifique une succession de conduites qui semblent soulager les tensions: passages à l’acte, jeux de pouvoir, addictions, comportements pervers, abus glamour, pulsions libérées et tristes passions.
Neuf tests rythment le spectacle. Petit à petit un point de vue plus politique mais aussi plus délirant émerge de ces dissonances d’ordre privé. Tout n’est-il pas lié, des dérives de l’intime au destin des sociétés ?
VIDÉOS

Rue des Tanneurs, 87
1000 Bruxelles
Belgique